Je vous rappelle une fois encore que nous en étions à nous demander ce qui pouvait bien justifier la verrue sous la fenêtre de la pièce à vivre.
La première hypothèse émise a été celle de la pierre d'évier. Depuis peu, nous comptons une nouvelle lectrice parmi les fidèles, lectrice qui n'est autre qu'une ancienne habitante des Cagouillères et qui représente donc une source d'informations précieuse. A propos de la pierre d'évier, voici ce qu'elle nous apprend : " la pierre à évier était à l'emplacement actuel de l'évier, celui-ci a été installé dans les années 1960 au moment où est arrivée l'adduction d'eau, avant on utilisait uniquement l'eau de la citerne qui arrivait à la pompe ; l'écoulement de la pierre à évier se faisait comme actuellement ".
Nous cherchons donc une autre hypothèse. Eleonor du Carloy, dont vous trouverez d'ailleurs l'excellent blog dans mes liens, a suggéré qu'il pourrait s'agir d'un potager.
Exemple de potager
Le potager, qui tient son nom du mot "potage", soupe que l’on préparait presque tous les jours dans les foyers partout en France est l'ancêtre du fourneau. Il se généralise dans toutes les maisons à partir de 1650. Jusqu’à la dernière guerre, encore plusieurs foyers en France cuisinaient sur un feu ouvert et cuisaient dans un four à bois. Les potagers apportaient une aide supplémentaire à cette façon de cuisiner.
Il s'agissait généralement d'une plate-forme élevée en maçonnerie avec 2 ouvertures. Dans chaque ouverture se trouvait une grille en fonte sur laquelle on déposait des braises chaudes provenant du foyer principal.
Exemple de grille de potager en fonte
Les cendres des braises tombaient de la grille pour s'accumuler au creux de la plate-forme. On utilisait le potager pour y mijoter des plats longtemps et à basse température, ou pour garder au chaud des plats cuits au préalable sur le feu ouvert. Mijoter un plat sur un potager était beaucoup plus facile que cuire sur le feu ouvert. Et un plat préparé sur le potager libérait l’espace du foyer principal pour d’autres utilisations.
On trouve les potagers soit sous les fenêtres,
Exemple de potager sous une fenêtre
soit integré au mur, près de la cheminée, tel un placard avec une porte à deux battants en bois.
Cette grosse pierre percée de plusieurs carrés dotés de grilles était posée sur un petit muret de briques. Les braises de la cheminée tout à côté, étaient déposées dans ces petits trous, et la ménagère y posait sa marmite. En se consummant la braise se transformait en cendre et tombait sous la pierre.
Outre le fait de cuisiner plus confortablement, à bonne hauteur sans se casser le dos, le potager a permi de pouvoir faire cuire avec des chaleurs différentes et de varier les préparations. le potager a donc eu une influence majeure sur les préparations culinaires, en permettant de cuire séparément les aliments, on pouvait enfin cuire les légumes directement dans une casserole dans leur jus et faire réduire les sauces, préparer les roux et les coulis, et les viandes dans les poêles et ne pas leur faire subir la même cuisson.
Cuisinière mettant ses braises dans le potager
Et alors, au final, qu'avons-nous découvert chez nous ??? Et bien, nous avons découvert qu'Eleonor du Carloy avait raison, il s'agissait bel et bien d'un potager...
Nous avons trouvé plein de cendres sur la pierre du dessous et nous voyons nettement l'emplacement des deux trous où se trouvaient les grilles.
Cette hypothèse, qui n'en est plus une, nous est confirmée par l'ancienne habitante des Cagouillères : " Ceci se passait encore dans les années 1970, il s'agissait d'un réchaud constitué de deux creux d'environ 15/20 cm dans lesquels on mettait des braises venant de la cheminée !! Eh, oui !! la fenêtre servait de hotte ... "
J'aurais rêvé de conserver cette pièce historique, part de notre patrimoine culturel (même si un potager dans un salon aurait pu paraître insolite). Malheureusement, il était bien trop abîmé pour le permettre. Il manque une grosse partie de la structure d'origine et la pierre qui forme le potager est fendue en trois et elle cède dès que nous la touchons.
Mais au moins, nous avons pu découvrir une partie du passé de notre maison... C'est toujours ça !